Ce texte n'est pas de moi, mais je n'aurai pas su trouver de meilleurs mots.
"Bébé chez la nounou, je suis partie avec les agriculteurs, à la fameuse et réputée foire de printemps de maurs....
après 2h de route, nous voyons sur le côté des gros camions, une populasse comme une fourmillière, de gros nouages de poussières, et des oreilles poilues qui dépassent...
pas de doute c'est là...
on gare la voiture ou on peut et go....
alors dés la sortie de la voiture, l'odeur de cheval ayant chaud arrive à nos narines, mélangée avec de la poussière, on entend des hénissement à tout va, et des tambourrinages de camions, des cris d'hommes.
le micro perce ce brouhaha, pour animer cette journée, et attirer le monde pour la tombola, ou le 1er prix est une pouliche, et le 2ème prix un shetland...
on voit des stands à gogo, de chapeaux de cowboys, de selleries, de matos d'attelage, ou j'ai d'ailleurs cherché un collier mais trop cher, de calèche, de buvettes, de friterie, de tripaille, de vins, de fromages, de sandwichs.. mais aucune odeur de cela...
le tout était masqué par celle des chevaux qui se trouvaient parqués juste à côté...
des centaines de mettre de rangées, de barrière qui s'ouvraient des 2 sens, suivant ou les chevaux devaient aller, de stalles de 4 mètres de longueur ou étaient enfermés toutes sortes d'équidés...
des plus petits, style falabella, au plus gros, style percheron
des ânes, des poneys de toutes tailles, des chevaux de selle qui ne servent plus à rien, des blessures de toutes sortes, des pieds de tous les états imaginables, des poulains comtois, ardennais, et percherons, des juments poulinières, des arabes, des apaloosa, des vieilles juju toutes décharnées, des tous petits poulains, des tout gros plein de gras, des squelette ambulants la tête basse la respiration forcée, des problèmes de peaux, des boiteux, des yeux crevés, des jambes cassées...
de toutes les couleurs, de toutes les tailles, de toutes les races, des très beaux, des très moches, quelques bien soignés, majorité de chevaux blessés, maigres, maltraités...
des chevaux calins qui cherchent une caresse, des chevaux appeurés effrayés paniqués avec les yeux blancs et qui se cabrent pour esquiver dés qu'on passe, des chevaux apatiques sans aucune réaction, résignés à leurs sorts, le regard vide, prostré...
pas d'eau, sous ce soleil de plomb, tous ont la robe dégoulinante.
ca hénnit, ca appelle, ca couine, ca rale, ca tousse, ca crie au secours, ca gratte le sol, ca mord, ca tape, ca tire au renard, ca tourne en rond, ca fait des allers retours, ca se pousse, ca tombe, ca saute les barrières et tombe...
la majorité des humains sont des hommes, il y a quelques femmes, ce ne sont pas les moins durent...
des cannes, des bâtons électriques, des bout de bois, des fouets, des mains, des pieds tombent ou ca peut, de la tête à la croupe...
les hommes ont l'expression, la tête de leurs attitudes... des petits yeux plissés, des traits durs, des grosses voix, des grosses mains..
beaucoup ont un certain âge, et ca siffle, et ca rale, et ca fait avancer entre les barrières tout un troupeau en même temps vers la pesée...
ca chuchoote, et ca se tape dans la main quand on est d'accord sur le prix...
beaucoup ont une grande robe noire, je ne sais pas ce qu'elle signifie, mais elle donne l'ambiance, le but de cette journée...
des gamins immitent les gestes de leurs pères, et se mettent aussi à hurler et à taper les chevaux... même pour rien... c'est rigolo, le cheval terrorisé recule... on se sent donc fort...
les chevaux sont triès, choisis, marqués...
certains poulains tombent dans le camion prés à partir... alors le chauffeur, qui a une minute de mauvaise conscience décide d'essayer de les relevés...
on passe alors le bâton électrique à travers les barreaux pour le piquer, histoire qu'ils se bougent.. on entend alors le martellement effréné des sabot, on voit même un antérieur passé à travers les barreaux, mais ca reste à terre quand même, ca n'arrive pas à se lever...
alors tant pis, la minute de mauvaise conscience est passée, on se met au volant, et on démarre, les poulains couchés piètinés par les autres...
un vieux monsieur arrive avec une superbe jument comtoise, qui porte un joli licol blanc. elle a de beaux pieds, de beaux crins, bien ronde.
dans ce mic mac pas possible, on la remarque, car elle suit tranquillement son "maître". avec elle pas de bâton, pas de cris...
tous les deux se fraient un chemin dans la cohue, lui repoussant les autres chevaux devant, elle posant son nez sur son épaule à chaque arrêt...
je les regarde, je suis hypnotisée...
c'est un vrai drâme qui se produit là devant mes yeux...
je n'arrive plus à bouger, je suis paralysée...
ce monsieur amène sa jument à la pesée.
il s'arrête devant, et attend son tour, en grattant l'encolure de sa jument, qui est la plus calme de tous...
elle est sereine, elle a confiance, elle se doute de rien...
puis vient son tour, les portes de la pesée s'ouvre dans un bruit de ferraille qui vous glace le sang...
le monsieur enlève le licol... la juju baisse la tête pour se laisser faire
et s'en va...
là, un maquignon arrive et donne un grand coup de bâton sur le dos de la jument, celle ci fait un énorme bond et se retrouve dans la pesée...
à partir de là, la belle a changé, a commencé à paniquer sérieusement, à transpirer de grosses gouttes, à hennir à plein poumon, à tourner en rond, à essayer d'esquiver les coups de bâton, à être essouflée, à être parquée dans un tout petit espace avec d'autres chevaux de son gabarit presque aussi stressée qu'elle, ne comprenait rien de ce qui se passait...
le petit monsieur se retourne, jette un oeil, continue sa route et disparut dans la foule...
la juju fut embarquée de force dans un camion, à coup de bâton dans l'anus, direction l'italie, et elle disparut elle aussi lorsque les portes se sont refermées...
voilà, je ne cherche pas à polimiquer, à condamner quique ce soit, à faire un coup de gueu*e...
de toute façon, je n'en ai pas la force ce soir...
je raconte juste ce que j'ai vu..
je me permettrai juste de faire une petite demande?
la foire de maurs, n'y emmener pas vos chevaux...
en rentrant, je suis allée directe voir ma poulinette, pour pleurer un bon coup dans sa crinière...."
J'aimerais que ces mots reviennent en mémoire quand la banalité d'un engraissage pour la viande ou un départ à l'abbatoire ne fait plus frémir. Merci pour eux...